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Paris de maman, le blog d'une maman parisienne
9 novembre 2010

Il aime avoir peur

Mon petit bonhomme adore que je lui fasse peur. Je me cache derrière une porte, je crie (doucement quand même, je ne suis pas frapadingue !) et il hurle (lui vraiment pour le coup !) de peur et de bonheur !!!
Lorsqu'il manque de se casser la figure et qu'il se rattrape par je ne sais quel moyen, il semble bien apprécier cette petite frayeur qu'il s'est faite.
Du coup, je me suis mise en quête d'informations sur la peur et nos petits.
Pourquoi et de quoi ont-ils peurs ? Pourquoi aiment-ils avoir peur ? A quel âge, quelle peur ? Comment les rassurer ?
J'ai trouvé sur le site des Maternelles cette interview de Béatrice Copper-Royer psychologue clinicienne, psychanalyste et auteur de Peur du loup, peur de tout.

C'est interessant et instructif. Et surtout ça me rassure sur une chose: c'est normal que Loulou aime avoir peur et cela ne veut pas dire qu'il fera des tonnes de cascades à moto adolescent pour satisfaire sa soif de peur !

Interview en provenance du site des Maternelles.

Les peurs de nos enfants semblent vieilles comme le monde. Dans quel ordre surviennent-elles généralement ?

Béatrice Copper-Royer : Disons que la peur de la nuit, la peur de se coucher, la peur des monstres, c’est entre 3 et 5 ans.

Peur du loup ? Peur des grosses et des petites bêtes ? Peur de perdre un proche ? Elles arrivent vers 6 ans et commencent à se tasser et se calment entièrement vers 8 ans. Si à cet âge-là, ces peurs sont encore présentes, elles peuvent être synonymes d’anxiété chez l’enfant. La peur du sang est une phobie bien connue, ce n’est pas une peur "normale" et, une fois installée, elle peut se poursuivre jusqu’à l’âge adulte.

Ces peurs universelles, comme la peur du noir, doivent-elles passer toutes seules ou faut-il aider l’enfant à apprivoiser l’obscurité ?

B. C.-R. : On peut aider l’enfant à se sevrer. En coupant progressivement la veilleuse dans sa chambre, par exemple. Mais logiquement, ça doit se faire tout seul. Autrement, il s’agit d’un signe d’angoisse de séparation assez forte, d’une difficulté à intégrer l’absence. Car la peur d’aller se coucher et la peur de la nuit, c’est ça : la peur de perdre ses parents en s’éloignant. On peut être tolérant avec l’enfant et sa peur, tant qu’il n’empiète pas sur le terrain des parents et qu’il ne va pas demander leur présence, les appeler toutes les nuits pour le réconforter.

La peur sert-elle à grandir ?

B. C.-R. : La peur est très importante. Déjà, parce qu’elle permet de se protéger des dangers dans la vie réelle ! Ensuite, c’est une émotion intéressante, car c’est en la surmontant justement qu’on gagne en autonomie et donc que l’on grandit. Petits, les enfants ont peur de tout car ils sont en prise avec leur incapacité à être autonome. La peur est bénéfique à condition de ne pas gouverner la vie.

Une petite fille dit qu’elle "pense à des choses heureuses" pour arriver à surmonter ses peurs : les enfants s’arment-ils tout seul, finalement ?

B. C.-R. : Ce sont des enfants doués qui ont réussi à développer de bonnes stratégies de défense. Les enfants vont savoir affronter leurs peurs tout seuls : par exemple, la peur des autres enfants. Inutile dans ces cas-là que les parents fassent le travail à leur place ! Avec la bonne distance, il suffit de mettre en confiance son enfant pour qu’il s’arme seul !

Puisqu’ils y prennent tant de plaisir, d’après les parents, pourquoi interdire à nos enfants les films d’horreur ?

B. C.-R. : Il faut déjà savoir ce qu’il y a dedans. S’il y a des images impressionnantes qui peuvent laisser des traces ou non. Voir si l’enfant les supporte bien ou non. Il peut, par exemple, demander à voir un film d’horreur et faire des cauchemars après. C’est le signal qui dit "stop". J’ai vu des enfants qui avaient développé des troubles du sommeil après avoir visionné des films de ce genre. Il faut donc faire attention et ne pas se laisser simplement guider par l’envie de l’enfant, sans pour autant tout lui interdire.

Pourquoi les enfants aiment-ils tant se faire peur avec des choses invraisemblables ?

B. C.-R. : C’est une façon pour eux d’apprivoiser leurs démons intérieurs. Ça agit comme un vaccin ! Et ça commence tout-petit... Lorsque l’enfant se cache derrière une porte pour que sa mère le cherche, il expérimente volontairement la séparation. Et ça continue jusqu’à l’adolescence, avec les conduites à risque.

Transmettons-nous nos peurs à nos enfants ?

B. C.-R. : Complètement ! Comme le dit une maman, les enfants sentent nos émotions, et même si l’on s’apprête à mentir en disant qu’on n’a pas peur de telle ou telle chose. On peut (et surtout les mamans) transmettre à nos enfants nos anxiétés, notre inhibition sociale, notre angoisse de séparation...

Comment les préserver de nos angoisses ?

B. C.-R. : Surtout, ne pas les taire. Il ne faut pas cacher ses angoisses, mais les dire. C’est en nommant ses propres peurs à son enfant, en lui montrant qu’on est capable, qu’il ne se sentira pas obligé de se les approprier !

La peur de mal faire, la peur d’avoir des mauvaises notes : ça traduit quoi ?

B. C.-R. : Ce sont des peurs très importantes qui, dans notre société, sont en pleine croissance. Elles sont dues au stress parental mais aussi à l’environnement scolaire. Et ces troubles commencent très tôt, dès le CP. C’est signe que l’enfant n’a plus confiance en lui.

A quel moment une peur peut invalider un enfant ? Et que faire ?

B. C.-R. : L’enfant est parfois tellement à l’écoute de ses peurs qu’elles l’empêchent de faire des choses. Là, il faut consulter. Et surtout se dire que ces peurs, lorsqu’elles sont prises tôt, peuvent être levées facilement. Et cela évitera à l’enfant de se construire dans l’angoisse pendant toute sa vie.

Propos recueillis par Emma Rota en novembre 2003.

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Commentaires
P
Avec plaisir !
L
Merci pour cet article très intéressant
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